5 milliards de dirhams. C’est tout ce que le gouvernement gagnera de la dernière et inédite augmentation des prix du carburant. Cela en vaut-il la peine ? Un DH d’augmentation pour le diesel, deux dirhams pour l’essence. D’un seul coup. Jamais, gouvernement n’a osé une augmentation aussi importante. L’exécutif a bien voulu expliquer que cette décision entre dans le cadre de sa politique de réforme de la Caisse de compensation, qui elle-même, vise à mieux cibler les subventions qui doivent aller exclusivement à ceux qui les méritent et qui en ont le plus besoin. La réforme du système de compensation est une nécessité, certes, aujourd’hui. Toutefois, il semble que la décision de frapper les prix du carburant ne sera pas sans conséquences sur les populations les plus fragiles. Déjà à Mohammédia, les navettistes vers Casablanca ont été abasourdis de voir le tarif des taxis augmenter de 2 DH, lundi 4 juin. Les citoyens étaient très mécontents. Et ce n’est que le début. Le transport étant un secteur qui touche toute l’économie et la société, d’autres augmentations suivront. Nous ne sommes qu’au début d’un long et douloureux processus. Ainsi, l’Etat va faire payer la réforme de la caisse de compensation à ceux-là mêmes qui en ont besoin. Le gouvernement de coalition conduit par le PJD avait pourtant une solution plus populaire. L’impôt sur la fortune. Il n’a même pas osé en débattre. Il a manqué de franchise dans cette décision. L’impact sur les prix va être énorme. Il y aura bien sûr la répercussion de l’augmentation sur tous les prix, engendrant une inflation malvenue par les temps qui courent et qui va surtout neutraliser, au moins une partie des augmentations de salaires obtenues par les centrales syndicales. Et bien entendu, nous ne sommes pas encore arrivés au SMIG à 3.000 DH déjà promis par le PJD lors de sa campagne électorale. Ensuite, toute augmentation de prix sera accompagnée d’un surplus de TVA qui ira aux caisses des l’Etat. Les citoyens paieront encore plus. Y aura-t-il une baisse de consommation ? C’est un principe acquis. Les citoyens vont réduire leurs déplacements et peut-être même que la consommation de carburant va baisser, ainsi que celle de tous les autres produits. C’est la fin de la relance de la croissance par la consommation. A qui profitera cette situation ? Au trésor public sans plus. Tant qu’on ne sait pas encore ce que fera le gouvernement de cette manne, on ne peut rien avancer. On attendra. Néanmoins, les Marocains sont maintenant fixés. Ils ne peuvent pas se vanter d’avoir porté aux commandes un gouvernement « social ». Celui-ci a agi comme une équipe de technocrates qui ne pense qu’aux équilibres financiers. Le PJD qui avait promis 100 mesures dès les premiers mois de sa prise de pouvoir, ne peut prétendre aujourd’hui qu’il a soulagé les Marocains. La rigueur comptable aussi nécessaire soit-elle n’a jamais été un mode de gouvernement. Faut-il le rappeler ?
Hakim Arif